Pernod Ricard reprend la main sur la marque Havana Club aux Etats-Unis
Pernod Ricard va-t-il enfin vendre du rhum cubain Havana Club aux Etats-Unis ? Le groupe français de spiritueux a annoncé, lundi 18 janvier, avoir gagné une bataille dans la guerre judiciaire qui loppose à Bacardi, qui lui dispute lexploitation
de cette marque emblématique. Cubaexport, lentité cubaine qui revendique les droits sur Havana Club et avec laquelle Pernod Ricard est associé, a obtenu une licence spécifique auprès de lOffice of Foreign Assets Control (OFAC), lagence
fédérale américaine chargée de contrôler les avoirs étrangers, qui doit lui permettre de demander le renouvellement de lenregistrement de Havana Club aux Etats-Unis.
Cubaexport navait pas obtenu la licence OFAC en 2006. Bacardi, leader mondial du rhum, se livrait alors à une guérilla sans merci contre son rival, lui contestant les droits sur le territoire américain. Une rivalité qui remonte à la révolution cubaine.
La famille Bacardi, dont les biens sont confisqués, a été condamnée à lexil à Miami (Floride) et le rhum à lemblème de la chauve-souris se retrouve banni de Cuba.
Or, en 1992, Patrick Ricard signait un accord avec Fidel Castro pour commercialiser le rhum Havana Club à linternational. Une marque, créée en 1934 par la famille Arechabala, contrainte à lexil lors de la révolution, et sortie de loubli par le régime
castriste. Portée par lengouement pour le mojito et limage de Cuba, le nombre de caisses de rhum exportées de lîle est passé de 300 000 en 1993 à 4 millions en 2014. Et ce, malgré lembargo américain qui lui a fermé les portes du premier marché
mondial.
Devant la Cour suprême
Pour contrer Pernod Ricard, Bacardi a acheté les droits et les recettes dHavana Club aux héritiers Arechabala, puis a lancé une offensive juridique en 1993. Surtout, la société a obtenu en 1998, une loi dite « Bacardi Bill » qui empêche le dépôt aux
Etats-Unis de marques appartenant à des pays sous embargo.
Le dernier acte en date sest joué en 2012, devant la Cour suprême. Le groupe français navait pas obtenu gain de cause sur la propriété de la marque. Il avait, à cette occasion, annoncé quil avait déposé les droits sur une autre marque, Havanista,
quil se disait prêt à lancer aux Etats-Unis si lembargo était levé. Pernod Ricard affirme quen labsence de licence OFAC, la Cour suprême navait pas pu sexprimer sur le fond de laffaire et lavait renvoyée devant la Cour dappel.
Le réchauffement des relations entre Cuba et les Etats-Unis ont changé la donne. Pernod Ricard se félicite davoir décroché la licence OFAC, et un premier renouvellement de la marque aux Etats-Unis. La bataille judiciaire avec Bacardi va reprendre
sur le fond auprès du tribunal de Columbia. Mais Havana Club pourrait bien entrer en scène aux Etats-Unis sous les couleurs franco-cubaines dès la fin de lembargo. Il a déjà obtenu un premier sésame : les touristes américains peuvent repartir de Cuba,
avec dans leur bagage, une bouteille dHavana Club en guise de souvenir